La reconquête

En ce troisième jour de la Saison Froide de cette triste année 1411, le soir venu, les quelques faibles guerriers survivants des dernières campagnes de l'Armée Autonome s'assemblèrent autour d'un feu mourant, n'osant qu'à peine relever les yeux de la pâle lumière pour les fixer dans ceux, à la fois sombre et embrasés de leur nouvel hôte.

L'homme était étrange, presque malsain, inquiétant. Il n'eut guère besoin de parler pour obtenir leur assentiment. Mais ils le suivraient ; quoi qu'il arrive.

— Nous relèverons l'Armée Autonome ! clama-t-il simplement.

Tous acquiescèrent. Cela faisait maintenant plusieurs mois qu'ils erraient, sans but, et surtout, sans chef. L'homme qui les avait rejoints avait de l'expérience ; trop d'expérience, peut-être.

— Vous voyez cette arme ? demanda-t-il encore en exhibant une longue épée encore marquée de traces récentes de batailles acharnées.

Une fois de plus, tous acquiescèrent, presque respectueusement. Ce n'était pas n'importe quelle arme ; tous ceux qui avaient voyagé à travers les continents d'Ilshenar la reconnaissaient.

— L'homme qui porte cette arme nous rejoindra bientôt, et c'est avec lui que nous reprendrons la place qui est la nôtre ! J'ai couru les régions d'Ilshenar avec lui depuis bien des lunes, et si nous n'avons jamais été alliés, si même il a pu nous arriver de croiser le fer, sachez bien tous que cet homme compte parmi les plus estimables, les plus respectés, les plus talentueux, et surtout parmi les meilleurs compagnons ! Son expérience, sa connaissance, sa puissance, son charisme, seront nos guides pour les années à venir.

Les guerriers qui l'entouraient semblaient pendus à ses lèvres. Sa voix s'éteignit dans le dernier soupir d'un simple nom :

— Anthalys... mon vieil ami...

L'homme était proche de la dernière étape de son long périple. Parti des Terres du Nord, si hostiles en pareille saison, il traversa toutes les régions de l'Est d'Ilshenar durant plusieurs semaines. Il accusait déjà le poids des années ce qui n'avait pas rendu son voyage de tout repos. Mais l'appel de celui qui deviendrait désormais son Compagnon de route avait motivé son départ. En gage de sa promesse à le rejoindre, il lui avait remis son fendoir fétiche dont il ne se séparait jamais. Il lui avait permis, à maintes reprises, de faire front et de repousser les hordes de guerriers Nordiques. Dans les victoires comme dans les défaites, sa lame l'avait toujours protégé pour lui permettre, aujourd'hui, de toujours faire parie du monde des vivants.

Au crépuscule, il restait encore à l'homme exténué à entreprendre une courte expédition en mer pour rejoindre l'île d'Assaron, destination finale de son interminable traversée. Il redoutait cet énorme rocher qui, à lui seul, ressemblait à une forteresse naturelle et imprenable. Jamais il ne s'y était aventuré auparavant tant l'endroit lui paraissait menaçant. Etrangement, la houle était calme et l'amarrage de la petite embarcation sur les premiers récifs de l'île se passa sans mal.

Lorsque Anthalys posa enfin pied à terre, il sentit un terrible appel d'air qui provoqua une colonne d'eau gigantesque s'élevant dans le ciel droit devant lui. Aussitôt, la foudre tonna et des trombes d'eau s'abattirent sur une mer déchaînée devenue dangereuse. Tout aussi étrangement, Anthalys ne ressentait rien... pas le moindre souffle de vent, pas la moindre goutte de pluie... rien ! Etait-ce un signe ? Comme si les éléments avaient décidé de dresser un rempart naturel entre ce petit bout de terre inhospitalier et le reste du continent d'Ilshenar.

Tout en réfléchissant à ce qu'il venait d'assister, Anthalys entreprit la marche qui devait le mener vers son ami Anarion qui l'attendait aux portes de la forteresse fantôme de Parjhom. Il faisait nuit et l'ascension de la falaise abrupte et escarpée avait de quoi en décourager plus d'un. Arrivé au sommet, il aperçut, au loin, un point de lumière qui ressemblait à un feu de camp improvisé. Il s'avança prudemment tout en distinguant la présence de quelques silhouettes. Seul un homme était debout, une épée à la main marmonnant quelques mots qu'Anthalys ne pouvait comprendre. Par contre, en tendant l'oreille, il reconnut la voix... c'était celle du Seigneur Anarion. Il se décida alors de se mettre dans la lumière d'un pas rassuré.

— Anarion ? Est-ce bien toi ?

L'homme visé se retourna brusquement, surpris par cet intrus que nul n'avait senti venir. A son tour, il identifia cette voix qui lui était si familière et s'avança pour accueillir son compère de toujours.

— Comme tu vois, Anarion, ma promesse a été tenue. Me voilà à vos côtés pour faire renaître l'Armée Autonome de ses cendres. Notre mission sera sûrement très longue et parsemée d'embûches et de désillusions, mais tous ceux qui nous accompagneront dans cette reconquête seront récompensés de leurs efforts.

Anthalys se rendit bien vite compte que seuls quelques rares guerriers étaient présents. Il s'attendait à un effectif réduit, mais pas à ce point. Dubitatif sur l'ampleur de la tâche qu'il avait à accomplir, il préféra laisser place à son optimisme légendaire. Il n'avait pas fait tout ce voyage pour faire machine arrière.

— Mes compagnons, j'ai hâte que vous me fassiez découvrir notre forteresse. Dès demain à l'aube, nous nous retrousserons les manches pour lui redonner un nouvel éclat !

Douze petits pingouins traversèrent le paysage en secouant leur tête dubitativement.

suite à de nombreuses missives reçues tard dans la journée
le royaume du seigneur herdac , fraîchement apparu , fut averti
l'armée autonome l'invitait à les rejoindre .
Le seigneur mammon, qui ne s'attendait pas a lire de tel message,
fit front d'un bloc, pris sa plume et avec sa plus belle et élégante écriture
répondit

-cher armée autonome
j'ai bien reçu votre missive et c'est avec joie que que je réponds de manière positive a votre invitation a rejoindre votre corps d'armée
je souhaite au plus vite me montrer digne de cette invitation et aider au mieux l'alliance

Herdac, mammon

et ainsi un nouveau membre alla renforcer les rangs de l'Armée Autonome

De nombreux jeunes royaumes voisins avaient répondu à l'appel du Seigneur Anthalys ; tous auraient à gagner à s'unir au sein d'une Alliance qui reconnaissait (et pronait, même) l'Autonomie à ses membres.


Anarion se réjouissait d'avoir à ses côtés un si puissant héraut, qui savait tant convaincre.